lundi 27 juin 2011

Ca se corse !

Samedi 11 juin

Bon nous on est heureux d’être là, de se lever à 10h30 (le décalage horaire est bénéfique pour Héloïse), de parler espagnol tellement bien qu’on comprend 95% de ce que nous disent les gens, de déguster un jus de goyave frais, d’être là.

Notre casa enregistre nos noms pour la police. Je crois que j’ai enfin retenu ce que sont le nombre et l’apellido. Ici, chacun porte l’apellido de son père et celui de sa mère, toute sa vie, même les femmes mariées. Pratique.

Nous décollons calmement et attaquons le circuit de la Habana Vieja. Cagnard et humidité. On gobe tout sur notre passage, s’ébahit et papote. Eric avec sa tête de gringo se fait alpaguer par tous les Cubains en mal de CUC, qui pour demander du savon, qui pour des crayons, qui pour una monedita. Le fumeur de cigare avec son béret du Che, les veilles fumeuses, le propriétaire du teckel qui aboie au son de I love you, le caricaturiste, le guide, le conducteur de calèche, le serveur du restaurant… même une gardienne de musée.

La Plaza de la Catedral est une pure merveille espagnole, une claque inattendue.

La Plaza de Armas est d’une beauté plus hétéroclite, palais austères, arbres, bouquinistes, restaurants branchés.

Deux scoops :
Papa, comme on le prognostiquait, Trilogie sale… n’a pas été publiée à Cuba.
Maman, nous avons trouvé ton restaurant !

La visite du Musée de la Ciudad s’impose ne serait-ce que pour voir le Palacio de los Capitanes Generales. Entre autres :
  • Le patio et la statue de Christophe Colomb que les enfants ont immédiatement reconnu
  • La décoration restituée des palais aristocratiques du XIXe siècle, porcelaine de Limoges incluse (une pensée pour mon abuelito)
  • Les lustres en cristal sublimissimes
  • Les calèches
  • La réplique du 1e train en circulation en Amérique Latine : 19 novembre 1837
  • Le couple de paons et la vivacité d’Héloïse. « Vous savez les enfants, chez les paons, c’est le mâle qui a de très belles plumes et se pavane pour séduire sa femme et faire des bébés ». Héloïse interloquée « Ah, chez les paons c’est le papa qui fabrique les bébés ? ».
  • Les gardiennes de salle qui sont un spectacle à part entière. Un look, une dégaine, des manières. Entre celles qui roupillent ou clopent en douce et celles qui ouvrent des espaces interdits aux touristes en échange d’une propina, il y a Jaqueline (Iakelin) qui tombe raide dingue de nos enfants, leur fait visiter une collection d’animaux empaillés, plaisante, taquine, adorable ! On lui doit cette photo.
  • J’ai aussi compris pourquoi de nombreuses gardiennes portent un pin’s du Canada : c’est une tradition canadienne d’en offrir aux personnes qu’ils rencontrent en voyage, comme ma Michelle. NB : sur les 2,5 M de touristes à Cuba, 800 000 sont Canadiens ! Pour un Canadien, 10 jours tout inclus (vol, transfert, hôtel de luxe, pension complète et boissons à volonté) coûtent 600 USD ! Par contre seulement 80 000 d’Etats-Uniens qui risquent emprisonnement et amendes si leur police découvre qu’ils ont mis leurs pieds ici… Vous imaginez ce que ça va donner le jour où la réforme passera ?

Dans la foulée on s’avale le Castillo de la Real Fuerza, plus ancien fort du continent (1555). Il abrite non pas le Musée de la Céramique (comme le dit le Lonely Planet daté de 2009 : ça fait 6 ans que le musée a déménagé) mais une superbe collection de maquettes de galions et navires, objets de navigation trouvés en mer : trésors (disques d’argent ou d’or en partance pour l’Europe), monnaie, instruments de navigations, objets de la vie courante. La piraterie n’a pas chômé par ici pour le plus grand plaisir de nos moussaillons !
Nous grimpons au sommet de la tourelle où se trouve La Giraldilla, célèbre girouette que tous les alcooliques pourront trouver sur les étiquettes du rhum Havana Club.

Pour déjeuner nous revenons sur nos pas et profitons de la cafétéria de La Dominica (le meilleur italien de La Havane soi-disant, très cher, mais la « cafet » qui est en fait la terrasse extérieure (donc non refrigérée) est très abordable et les plats bons et copieux. Nous avons craqué pour la langouste à 10 CUC (7 euros bière et flan inclus) ça vaut le coup !

Les enfants sont à plat mais nous décidons de suivre un spectacle de rue avec orchestre : 3 artistes perchés sur des échasses dont l’un déguisé en F.C., qui dansent, font les clowns et une diatribe que là mon neurone de l’espagnol m’a lâché à 80%. Nous remontons vers la casa particular, clopin clopant, histoire de se rafraîchir dans notre chambre climatisée et de recharger les batteries.

Côté ultra appréciable de notre casa : les enfants jouent dans la chambre et nous nous détendons sur la terrasse, je veux dire nous bossons comme des dingues pour vous pondre cet article. Enfin presque parce que le 2e effet de la casa particular, c’est qu’on est en contact direct avec les vrais Cubains, dont Mikaël, autre employé au look de hidalgo-lover qui nous livre en bloc sa vision du pays. « Non ce n’est pas un pays c’est une île » dirait Gabriel.
Pour lui, FC ou RC, c’est kif kif bourricot, enfin « es la misma sangre » pour être exacte.
Ca n’a rien changé et c’est désespérant. Les gens crèvent la faim, les consultations médicales sont peut-être gratuites mais les médicaments absents ou hors de prix, l’éducation oblige les étudiants à travailler pour l’Etat « n’importe où » pendant 2 ans… « Et l’argent du tourisme : 2 millions Pas rose du tout.
Sa collègue Lluda est plus positive. C’est une ex-maîtresse d’école qui a décidé il y a 2 ans de changer d’emploi à force de voir son réfrigérateur vide et ses enfants crever la dalle. Elle gagnait 11 USD par mois, oui oui par mois. Elle qui est plus âgée et a connu des moments plus dur est plus résignée ou plus optimiste.

Puis nous ressortons pour écouter de la zizique (toujours et encore) à la Lluvia de Oro, un restaurant d’Etat avec orchestre live en permanence. Ok c’est très touristique mais ultra agréable surtout que nous arrivons sur une adaptation salsa de « C’est une chanson qui nous ressemble, toi qui m’aimais, moi qui t’aimais » (pas sûre du titre).
L’adresse c’est Obispo con Habana, ouvrez bien les oreilles et décontractez vos mandibules car Obispo se prononce selon les interlocuteurs : « wispo », « o-hispo » le s est aspiré ici, voire « ove-ispo » (v vibrant).

Je vous écris de ma terrasse, pas celle du 18e, mais de la Habana Vieja, sur Candela, chanson mythique et danse endiablée aux 40 ans d’Isa Adorée.

Buenas noches.

Prochain épisode : fiançailles à La Havane.
N.B. : vu la connexion internet, pas moyen de télécharger de photos. La mise à jour viendra ultérieurement.

Aucun commentaire: