Nous avons quitté nos amis perpignanais à Luang Prabang fin novembre pour aller explorer le « grand nord ». Ils vont nous manquer !
La route est très belle. Les visages aussi.
Une escale en route à Muang La (30 km à l’est d’Oudomxay) pour se balader autour de la rivière à la recherche des sources chaudes. Que ce fut compliqué à trouver et proportionnellement décevant ! Mais ce fut notre première expérience de bivouac avec baignade dans la rivière, à l'ombre d'un arbre sacré. Pas de feu de camp, mais nous avons tout testé : le réchaud à gaz, le fan, le dîner, la nuit au calme bercé par la rivière. Eric est allé cherché une « beer Lao » au village. Il en a profité pour discuter avec les gens et est revenu avec une invitation pour une partie de pétanque !
Nous continuons le lendemain et arrivons au bout de cette interminable route caillouteuse et poussiéreuse en cours de construction par les chinois à Luang NamTha. Avec une pensée pour les nombreux cyclistes que nous rencontrons. Nous les encourageons à chaque fois. Ces gens sont épatants.
Une balade vers une pseudo cascade pour se dégourdir les jambes et rencontrer des Thai Loum en vêtements traditionnels. L’effet camping-car est dérangeant je trouve, on se sent comme des extraterrestres débarqués d’une soucoupe.
En tous cas, les paysages sont superbes avec de la profondeur difficile à restituer en photo.
La bourgade de Luang Nam Tha ne présente pas d’intérêt majeur à nos yeux, à part de nous donner un bon aperçu de ce que peut être la Chine (toute proche et omniprésente) et d’être le point de départ de nombreux treks dans la Natural Protected Area voisine.
Les treks organisés de 7h de marche par jour ne sont pas adaptés pour nos limaces et malgré nos recherches, on ne trouve pas de guide à engager en privé.
Alors on roule, on se perd et on trouve par hasard une longue marche vers un village isolé dans la montagne, à 3h à pied ou 3 km, ce n’est pas bien clair. L'ascension de la colline est assez simple. Mais tout au long du chemin, les bruits de la jungle interpellent, la crainte des serpents très présente chez nous depuis l'incident de Bornéo (sans conséquence), la fatigue annoncée des enfants au bout d'un quart d'heure, nous volent la sérénité que l'on cherchait. Alors que nous commencions à vouloir renoncer (pas sûrs de trouver un village, pas sûrs de la distance, départ à une heure avancée de la journée), première rencontre, à mi-chemin. Un villageois, plutôt taciturne, qui coupe des tiges pour fabriquer les toits en palme.
La communication est difficile mais se fait accompagnée de grands sourires. Il confirme que son village est au bout du chemin. Quand à la distance et au temps pour y aller, nous devrons le découvrir par nous mêmes. Nous prolongeons donc avec une vigueur retrouvée, notre marche vers l’inconnu, avec nos 2 vaillants marcheurs légèrement grognons. La beauté des lieux nous tient en haleine.
La découverte du village est synonyme de soulagement, de fierté (we did it) et d’étonnement. En effet, le silence est brisé par les cris d’une vingtaine d’enfants qui font les fous. Lesquels sont les plus curieux et interloqués ? Nombreux sont ceux qui ne sont jamais descendus du village et n’ont vu des falangs qu’à la télé (oui il y a l’électricité solaire pour la télé dans quelques maisons). Ils nous mangent des yeux, commentent, rignochent. Cela nous étonne d’autant que dans tous les pays traversés jusqu’à présent, nous n’avons croisé que des enfants sages et effacés (je veux dire dans leur cadre familial ; dans les écoles, c’est un autre programme). En tous les cas, c'est Héloïse qui donne le ton et surprend tout le monde en courant vers les enfants pour jouer avec eux !
Le chef du village nous promène. Il nous amène jusqu'au Lieu où se tient le conseil du village où trône le portique des Esprits que Gabriel a failli prendre pour une balançoire (Et Eric de dire : « Mon dieu...., n'y touche pas ! »). Si ce portique, plutôt en équilibre, venait à tomber, cela signifierait que le malheur s'abat sur le village et qu'il faut en éradiquer la source... Nous croisons des femmes Hmong en tenue traditionnelle et seins nus qui oeuvrent à leurs pénibles taches. Au moment de notre visite, le village de 60 maisons n’est habité que par des enfants et des « vieux de 50 ans » (ou 40, difficile à cerner), ceux en âge de travailler sont descendus travailler à la ville à coup de pétrolette. Nous les croisons sur notre chemin du retour (pas si isolé que ça le village) et ils en profitent pour nous demander des sous pour la visite. Ca gâche notre plaisir de pseudo-aventuriers indépendants. Bien qu’ils nous aient proposé de rester dormir, nous préférons décliner et retrouver notre confort. Nous n’étions pas prêts, enfin surtout les enfants (énervés de tous ces enfants qui rigolent et les imitent) et Cécile.
Gabriel et Héloïse sont impressionnés et les questions fusent pendant la descente.
Pourquoi ils vivent aussi loin, pourquoi leurs vêtements sont déchirés, pourquoi ils laissent leurs bébés ramper tous seuls en pleurant dans la terre, pourquoi ils n’ont pas d’école, pourquoi ils vivent au milieu des animaux et pourquoi et comment ? Au milieu des somptueux paysages baignés de lumière, Eric tente une explication en comparant cette vie à celles des campagnes françaises. Fernand Braudel. et même Levi-strauss sont convoqués à leur insu (s'ils savaient..). Heureusement, paysages et lumière rendent ces explications très digestes et permettent aux enfants et Cécile de passer à l'instant présent !
Le lendemain matin, notre chère fifille qui suce son pouce quelle que soit sa propreté s’est payé un dérangement intestinal, heureusement aussi rapide que puissant. Du coup notre départ a été différé et nous vécûmes au rythme local, lentement, avec plaisir.
Bien reposés, nous reprenons la route vers le sud de bonne heure, armés de courage pour attaquer une des pires routes empruntées, Héloïse vissée à son sac plastique, sans savoir que nous nous arrêterons au bout de 2 kms. La magie du voyage, des rencontres.
A suivre....
Une escale en route à Muang La (30 km à l'est d'Oudomxay) pour se balader autour de la rivière à la recherche des sources chaudes. Que ce fut compliqué à trouver et proportionnellement décevant ! Mais ce fut notre première expérience de bivouac avec baignade dans la rivière, à l'ombre d'un arbre sacré. Pas de feu de camp, mais nous avons tout tester : le réchaud à gaz, le fan, le dîner, la nuit au calme bercé par la rivière. Eric est allé cherché une « beer Lao » au village. Il en a profité pour discuter avec les gens et est revenu avec une invitation pour une partie de pétanque !
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