jeudi 14 juillet 2011

Trinidad, 4e épisode : les rencontres


Piensando en ti, Carmen, aunque no tengas internet!

La recherche de casa à Trinidad m’a donné quelques inquiétudes et finalement, nous avons trouvé notre bonheur, rien de très compliqué : 2 lits doubles, une chambre propre avec la sdb attenante, de l’intimité. Chez Carmen Font (en haut de Simon Bolivar, face au restaurant 1514) , il y a tout ça, plus une âme.

Cette peintre restauratrice de fresques murales retraitée est un amour. D’humeur toujours joviale, aux petits soins pour nous, comme elle l’est pour sa famille. Elle nous a d’emblée offert son hospitalité et son amitié. Nous avons passé des heures à parler de la pluie, du beau temps, de tout, de rien, d’elle, sa famille, sa ville, son histoire, le futur incertain. En conclusion, invariablement, elle ponctuait son rire par un « ay caramba » unique.

Ses petits déjeuners pantagruéliques et ses dîners aussi copieux que savoureux ont fait notre bonheur quotidien.En toute sincérité et spontanéité, elle ne savait que faire pour nous faire plaisir.





Son mari, qu’elle appelle Basso (son nom de famille), est un grand-père très attentionné avec nos enfants. Nous avons beaucoup parlé politique avec lui en commentant le journal national Granma.


Tous deux issus de familles très anciennes et fortunées, ils font partie du gratin trinitarien. Ils ont d’ailleurs ce qu’on pourrait appeler une « clientèle », un réseau de voisins et connaissances qui sont soit leurs fournisseurs de denrées au marché noir, soit des personnes démunies qu’ils dépannent autant que faire se peut. Pourtant la vie n’est pas simple pour eux non plus.

Ils ont aménagé une partie de leur patio pour héberger leur fille avec son mari et sa fille. Elle est serveuse et son mari actuellement au chômage. Fin du plein emploi à Cuba : on rationnalise la main d’œuvre. Moins de touristes, moins d’employés, virés du jour au lendemain, sans indemnités.

La petite fille de Carmen a 9 ans. Elle s’appelle Claudia et sert de grande sœur avec Gabriel et Héloïse. Grâce à elle ils se régalent des programmes de « munequitos » (dessins animés étrangers fort bien sélectionnés, pas de violence, des messages pédagogiques). Ils jouent tous les 3 des heures aux Playmobils et se comprennent on se demande comment.

L’autre fils de Carmen a émigré il y a vingt ans, en bateau, il s’est réfugié à Grand Caïman puis s’est installé en Californie. Depuis peu il est autorisé à venir rendre visite à sa famille. Dans le sens inverse, seuls Carmen et Basso peuvent aller le voir, parce qu’ils ont plus de 60 ans, mais la paperasserie est tellement lente et compliquée, qu’ils se sont limités à un seul séjour.

En arrivant chez Carmen, nous avons croisé une famille française avec 2 enfants. Nous les avons abordés dans la rue : Pierrick, Sophie, Mila (5 ans) et Axel (3 ans). Le courant est tout de suite passé avec ce couple de médecins spécialistes qui a pris 2 mois de congés entre un changement de poste et de ville. La ressemblance physique de Sophie avec ma sœur Elise et d’Axel avec Théotime n’est peut-être pas anodine.

Nous sommes sortis aux concerts, au carnaval et à la plage avec eux, pendant 4 jours. Le dernier soir, ils ont dîné « chez nous, dans notre patio » la merveilleuse langouste de Carmen, la meilleure qu’on n’aie jamais goûtée.





Pour voir à quoi ressemble la Santeria locale (sincrétisme religieux adapté de la religion des tribus Yoruba transmises par les esclaves), pour comparer avec ce que nous en avons vu à Ouidah (Bénin) et à Salvador de Bahia (Brésil), j’ai visité Israelito (« ito » m’a bien fait rire, vu la corpulence du babalawo), le santero de la Casa Templo de la Santeria. Les orishas cubain sont moins nombreux que les africains, mais les principaux se retrouvent : Obatala, Yemaya, Eleggua, Oggun, Ochosi, Chango, Babalu Ayé, Oya (Yansa)… Beaucoup de Cubains croient aux Orishas, mais les cérémonies semblent plus limitées qu’au Brésil, car les fidèles préfèrent manger le poulet que l’offrir à leur Dieu.




Sur la Plaza Mayor j’ai beaucoup discuté avec Le Poète : un vieil homme qui gagne sa vie en se faisant photographier devant son « taxi » : une simple brouette en bois. Il m’impressionne par sa culture. Il connaît presque tous les départements français (il paraît qu’il est aussi incollable sur nos voisins européens) dont il consigne scrupuleusement dans un petit cahier les fleuves, reliefs et principales villes et qui servent d’inspiration à d’improbables poèmes.

Ceux qu’on préfèrerait éviter, ce sont les jineteros, tenaces et nombreux. Moins qu’à Bali ou en Thaïlande, mais suffisamment pour qu’on reste toujours un peu sur la réserve : qu’est-ce qu’il va bien pouvoir inventer celui-ci pour me demander un CUC ?

Pour faire couleur locale et éviter de virer langouste écarlate en déambulant dans les ruelles pavées, je m’offre un superbe sombrero, ce qui me vaut dans le quart d’heure une proposition de fiançailles. Au passage, avis aux célibataires : Cuba ne manque pas de partenaires prêts à tout vous tenir compagnie pour un verre, une danse, une nuit, un cadeau, une invitation à vous rejoindre dans votre pays, voire un mariage !


Faut se méfier des apparences :-) parole de photographe
Du coq à l’âne : Papa-Maman, vous allez être trop fiers, avec mon bronzage, mon parfait accent et ma grammaire au poil, on me prend pour une Espagnole (enfin les 3 premières phrases).


Prochain épisode : la côte nord
N.B : nous sommes désormais au Mexique, internet au poil mais ordi des photos en panne...
Et la lumière fut, ici en week-end prolongé en Bourgogne pour le 11 Novembre

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