vendredi 3 juin 2011

A bas Chiquita, Vive Cahuita !

Le 24 au matin donc Chocolate Tour au Tirimbina Biological Reserve, autre centre de protection de la rainforest et de la biodiversité qui abrite un centre de recherche, un lodge et propose des tours très bien faits.
Comme vous avez pu le constater dans le dernier petit journal des enfants, nous avons fait notre cure de magnésium, comme on dit pour ne pas avouer qu’on est de gros gourmands !

Après le tour, nous quittons notre Chilamate chérie et roulons jusqu’aux côtes Caraïbes. Nous traversons des plantations de bananiers fort inquiétants. Oui inquiétants.

S’il vous plaît, vous qui êtes sédentaires et avez des repères stables, consommez en connaissance de cause.

On pensait que le Costa Rica vivait principalement du tourisme, mais en fait 50% des recettes proviennent de l’agriculture, laquelle occupe 25% des actifs. En tête des productions le café, mais on va vous l’épargner, vu que vous y avez déjà eu droit au Laos. Ensuite les bananes : 14 % des consommations mondiales (pour un pays de la taille de la Suisse).

Le pays confia fin XIXe siècle à Minor Keith la réalisation du chemin de fer pour relier les plateaux caféiers à Puerto Limon, principal port de la côte est.
Le chantier fut un cauchemar pour les ouvriers (zone marécageuse, palu, bestioles, accidents) Ticos puis prisionniers ricains puis chinois et pour finir esclaves jamaïcains affranchis et pour stimuler Keith, le gouvernement lui offrit des terres sur lesquelles il fit planter des bananes, alimentation bon marché pour ses ouvriers.
Il tenta d’en exporter à la Nouvelle Orléans et ce fut un succès mondial. De là, il fonda la United Fruit Company, premier employeur de l’Amérique Latine. On vous passe son rôle  des plus controversés dans l'instabilité politique de l'Amérique centrale. Ensuite grosses tensions raciales qui ont mal tourné pour les Noirs (j’en reparlerai plus tard) mais pas pour la World Company, qui s’appelle maintenant Chiquita, c’est bien plus rigolo.

Quand on découvre la première bananeraie, on est tout content de montrer à ses enfants d’où viennent les fruits qu’ils dégustent à la cuillère dès l’âge de 6 mois, Carmen Miranda et tout le tralala. Et très vite on déchante : les régimes sont enveloppés dans des sacs plastiques bleus pour les protéger des nuisibles et les plantations sont survolées par des avions qui les arrosent abondamment de pesticides, lesquels, en plus de rendre les fruits toxiques, se déversent au fils des averses dans les nappes phréatiques, les fleuves et l’océan…
Chiquita affirme que l'ensemble de ses plantations sont certifiées et garantissent des conditions de travail et des normes environnementales minimales. Dommage, les associations indépendantes et neutres mettent en lumière de graves atteintes aux droits fondamentaux des travailleurs par l'utilisation imprudente de pesticide et le recours à des services de sécurité privés pour intimider les travailleurs (en Colombie Chiquita finance des tueurs à gage pour neutraliser les syndicats).
Mais tout ça vous le saviez déjà bien sûr ! Alors pourquoi on continue à en acheter et à en manger, virgule, BORDEL ???
Si vous hésitez encore, voici ce que ça génère comme trafic de camions, de containers réfrigérés et de cargos pour arriver chez vous sans aucune tache marron. Ceci dit, dit le modérateur frisé, on se demande comment cela se passe avec les bananes martiniquaises...


Nous faisons escale à Playa Bonita, entre Moin et Puerto Limon, dans le pire hôtel du Costa Rica. On savait que ce serait dur de s’extraire de la Chilamate Attitude, mais ici tout est nul, sauf la taille de la piscine. Oasys del Caribe, fuyez ! Donc pas de photo non plus.

Cette escale pourrie avait internet et nous a au moins permis de skyper pour l’anniversaire de notre jeune Papilou !

Nous avons seulement traversé Puerto Limon, principal port du pays, avec une ambiance afro déjà bien palpable.

C’est à Cahuita que nous nous établissons. Cahuita est LA ville noire et rasta du Costa Rica. Sur cette côte, les pionniers sont jamaïcains. Arrivés au XIXe siècle pour travailler à la construction du chemin de fer et dans les plantations de bananes. Ici la langue principale était l’anglais.
Les anciens esclaves affranchis ont d’abord immigré par milliers autour de Puerto Limon au début du XXe siècle puis, après la grève de la banane qui fit capituler la United Fruit mais qui provoqua dans le gouvernement un durcissement de la politique anti-noirs, nombreux sont ceux qui rentrèrent dans leurs pays d’origine. Les autres s’installèrent dans un système d’auto-subsistance peu enviable. Les Ticos blancs ou noirs propriétaires de terres les ont vendues aux arrivants nord américains (80% des terres appartiennent à des étrangers) lesquels ont construit des hôtels ou restaurants et prospèrent gentiment, tandis que les autochtones, après avoir brûlé leurs économies, se  mordent les doigts et vivotent poussivement.



Nous avons pris le temps de bien prospecter les offres d’hébergement. Cabinas Nirvana ont remporté la palme, la solution idéale pour nous 4 : bungalow sympathique avec des volets pour dormir jusqu'à 7h (!!) avec une cuisine extérieure (les restos ici sont très onéreux et nous, pour des raisons politiques que nous tairons ici pour éviter de choquer les âmes sensibles, nous préférons boycotter le riz-haricots noirs), ventilo, clim, terrasse et son hamac sur un jardin arboré mais dégagé (= moins de moustiques) et une grande piscine  pour nous tous seuls à 200 m de la mer pour un prix imbattable payé à un couple italo-tico.






On a bien rigolé chez Roberto dans son restaurant qui a déployé un stratagème de dingue pour manger du ceviche (oh ce qu’il est bon) en douce de sa cuisinière de femme qui refuse de lui en servir (rapport aux oignons crus). Roberto est également un champion de la pêche sportive et propose des tours très réputés (snorkelling, plongée…).

Pour décompresser Cahuita est l’endroit idéal. Différent d’Aracaju où les gens ont 2 de tension, ici pas besoin de tension, rien ne se passe. Ca coule, tout doux, tout doux.

Gagnée par la chaleur et la torpeur, à  moins que ce ne soit la  Pina Colada, je me suis mise à apprécier le REGGAE. Oui mon Matou, moi Cécile T., saine de corps et d’esprit, je révoque mon précédent testament et déclare avoir désormais une oreille amicale envers la musique répétitive et lassante qu’on appelle REGGAE !
J’ai trouvé ça bien agréable à l’oreille sur le chemin aller et retour de la plage à mon havre de paix embaumé par l’ylang ylang.
En plus hommage à Chicken Chicots Production, tout pour plaire !
Purée les ZALLAR, pourquoi avez-vous mis du gris sur votre péniche ? Vous aviez le jaune, le vert, manquait que le rouge pour faire le drapeau quoi !!!

Prochain épisode: coups de foudre à Puerto Viejo

1 commentaire:

Les MEJEAN PAOLI a dit…

Bonsoir,

Juste pour faire le pénible et dire que vous avez mis une photo de Puerto Viejo au milieu de celles de Cahuita. Non, je sais, tout le monde s'en fout mais après les gens vont croire que Cahuita et Puerto Viejo c'est pareil alors que c'est pas du tout pareil.
Sinon merci beaucoup car ça nous fait remonter plein de souvenirs.
Pour finir, on vous en veut beaucoup parce qu'on est allé deux fois à Arenal et on n'a jamais vu le volcan. Vous une fois et hop hop des supers photos.
Ah bah non, c'était pas fini. Moi j'adore le rice and beans et il me manque.