samedi 2 juillet 2011

Dédicace à Lionel et Catherine G. ainsi qu’au cousin Sté

Le 16 juin nous partons en promenade à cheval avec Pipo. Eric en 1e sur Paloma, Gabriel sur Chupa Chupa (dont le nom aurait mieux convenu à sa sœur) est attaché à la queue de la jument, moi sur Carolina en 3e, Héloïse sur Matruco (une mule) attaché également et Pipo en dernier.

Sans casque bien sûr (déjà qu’ils n’en ont pas pour leurs motos) et sans étrier pour les enfants, sous un cagnard ardent, pendant 3 heures sans broncher une seconde.

Les enfants y seraient restés 2 heures de plus. Epatants. Accrochés comme des moules à leurs selles ! Ils sont mûrs pour leur stage chez Lionel et Catherine !
Nous non. Nos vieux dos ont bien résisté mais pas nos jeunes derrières. Il faut dire que les selles n’étaient pas du plus molletonné.

Quant aux bêtes, pas besoin d’attendre les photos pour vous laisser imaginer à quoi ressemble une bête à Cuba. Pas grasses, ça c’est sûr, voire maigres. Les nôtres avaient les fesses plates et leur apathie nous a rassurée quant aux éventuels risques de départ au galop, ruades ou autres facteurs de chutes d’enfants sans casque.

Nous visitons le Parc National de Vinales à dada, au milieu des plantations d’ananas, maïs, manioc, bananes et même de riz. Vu que les Russes sont repartis avec leurs produits chimiques, tout est 100% bio. Ce pays est extra, je vous dis. Ils sont en avance sur nous.
Pipo nous explique que les lois se sont assouplies. Certaines terres ont été privatisées. Bizarrement, la productivité du paysans propriétaire qui vend 90% à l’Etat et en garde 10 pour sa subsistance, est bien supérieure à celle de l’ouvrier- paysan qui touche un salaire fixe quel que soit le rendement. Ernesto G. avait beau dire que les patriotes devaient être animés par la morale et non par l’argent, quand tu gagnes 5 CUC par mois pour nourrir toute ta famille, tu gardes ton énergie pour trimer à la sortie des champs et trouver d’autres sources de revenus.

Pipo, avant de se lancer dans le tourisme, était cuisinier dans une usine. Tous les jours il préparait le déjeuner pour 500 ouvriers. Vu la pénurie de moyens, ça lui prenait 15 heures par jour la plaisanterie, pour 6 CUC par mois. Evidemment il n’avait pas le droit d’emporter les restes, car tout était contrôlé au gramme près. C’est beau le socialisme !

Les vaches et buffles que nous croisons ne sont pas bien épaisses non plus. L’expression « la peau sur les os » leur va comme un gant. Pour certaines on se demande comment les os ne transpercent pas la peau d’ailleurs. Ces bestiaux là sont du monopole exclusif de l’Etat. Celui qui aurait la bonne idée de tuer un bœuf irait faire 10 ans de socialisme en prison. A 15 CUC le kilo, les Cubains ne peuvent pas en manger.
Les chevaux sont également comptabilisés scrupuleusement. Lorsque le vétérinaire constate le décès d’un équidé, le consigne et ordonne son incinération, bien qu’il soit interdit d’en consommer la viande, certaines détournements de carcasse permettent d’obtenir des protéines à bas prix.


Nous faisons une pause à la Casa del Campesino, sorte de « visite à la ferme » qui fournit de brèves explications sur la culture du tabac (nous sommes dans la 1e région productrice du pays) : semis, replantation des semis espacés, récolte après 5 mois de pousse, tri des feuilles (les plus basses sont les plus dures et servent à l’enrobage), séchage dans leurs superbes granges. C’est là que se distingue la préparation :
  • L’Etat qui prend 90% des récoltes, traite les feuilles avec de l’ammoniaque pour en favoriser la conservation. Des rouleurs qualifiés les fabriquent à la mano avant de les entreposer dans des boîtes en cèdre. 42 sortes et tailles de cigares, ça laisse le choix. Les Cohiba (= cigare en taïnos) étaient les préférés de Castro, Partagas les plus anciens (1845), Bolivar et Montecristo les plus forts et les Romeo y Julieta les plus romantiques (quoique, je n’ai jamais embrassé un fumeur de Romeo y Julieta mais mon petit doigt me dit que ça ne doit pas être très ragoûtant).
  • Les paysans (campesinos) gardent 10% de leur production pour leur « consommation personnelle », protègent les feuilles avec une décoction à base de citron vert, miel et rhum. Ca leur permet de garder leurs cigares 2 ans (au lieu de (5-10 pour les premiers) et d’éviter le goût amer, la gorge et les yeux qui piquent.

Bon moi je ne fais que retranscrire le baratin, je ne suis pas connaisseuse. Sté, tu sais où m’écrire en cas de boulette !

Surprise totalement inattendue, le campesino nous a proposé de goûter et d’acheter (NB : rares sont les Cubains qui peuvent s’en offrir, les cigares officiels démarrent à 5 euros pour les plus petits, alors qu’un paquet de 20 cigarettes coûte 10 fois moins cher). Malgré ma farouche opposition, Eric en a acheté 20. Les copains, je compte sur vous pour fumer ses délicieux cigares bio à sa place car en tant qu’ex-fumeur, il est sur le point de craquer et entre nous : 1° ce serait dommage de mettre 10 ans de sevrage en l’air, 2° le tabagisme est une clause de divorce inscrite à l’article 1.3 de notre contrat de travail.


Pour nous rafraîchir enfin (Odalys avait promis une baignade dans une grotte mais c’était du Pipo, pouet, pouet, voilà je l’ai faite), nous plongeons dans la grande piscine de l’hôtel Ermita, avec panorama imprenable sur les pics et sur l’orage qui nous tourne autour et finit par nous déloger.


Prochain épisode : les ZAT dans la gueule du caïman
N.B. : vu la connexion internet, pas moyen de télécharger de photos. La mise à jour viendra ultérieurement.

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